Matrix 3 Revolutions

De tout temps1, l'homme s'est intéressé à la réalité virtuelle. Déjà l'homme préhistorique laissait son esprit vagabonder gaiement dans des havres de paix et de félicité, où le gibier fermait sa gueule et se laissait chasser, où les femelles n'étaient pas farouches; tout ça le cul bien tranquillement posé dans une grotte humide et puante, mais peu importe, à l'époque on savait vivre moi j'vous l'dis. Dans Matrix 3 Revolutions, nous suivons quelques ahuris avec des buts contradictoires se baladant dans un environnement virtuel appelé la "Matrice". Après un bref rappel de l'histoire, quelques points particulièrement absurdes seront relevés pour essayer de voir en quoi Matrix 3 est une parodie du premier épisode, puis la nullité intégrale de la série entière sera assénée à coup d'arguments imparables.

1. Dans la Matrix j'te prends, j'te chroote.

L'histoire reprend environ sur la fin du deuxième épisode (assez logiquement, on peut leur accorder cela).

Si vous n'avez pas encore vu le film, voici ce qu'il s'y passe, dans un ordre chronologique approximatif:

  • Néo se retrouve coincé dans un monde intermédiaire entre la matrice et le vrai monde. Vous croyiez naïvement qu'il n'y avait que ces deux là?
  • Ses copains (Trinity et l'autre allumé de Morpheus, le moine musclé, ainsi que le garde du corps de l'oracle) partent à la rencontre de l'oracle pour comprendre ce qu'il se passe, puis à celle du Mérovingien pour négocier avec lui car c'est lui qui contrôle le monde où Néo est coincé.
  • Après quelques embrouilles, Néo est ramené dans le vaisseau. Là, on commence à s'exciter et Néo décide de chourrer un vaisseau pour aller à la cité de machines, parce que c'est ce qu'il doit faire (sic). Évidemment, Trinity le suit, ainsi qu'un invité mystère qui est en fait devenu une incarnation physique de Smith. L'autre vaisseau part vers Sion (Zion?) pour aider les combattants sur place.
  • Les humains de Sion se débattent comme ils le peuvent face à l'attaque des machines. Le vaisseau allié arrive juste à temps pour stopper temporairement les machines.
  • Néo et Trinity arrivent à la cité des machines, Néo vautre le vaisseau dans une espèce de grande tour, Trinity meurt (comment?), Néo se retrouve face à un visage représentant les machines à qui il propose le deal "paix contre explosage de Smith".
  • Le deal est accepté, les machines stoppent l'attaque sur Sion, Néo fighte Smith et le bat en se laissant infiltrer par lui et en se suicidant virtuellement dans la foulée. Les machines partent, la paix est gagnée entre humains et machines.

2. r00t da b0><3nz.

Passons maintenant en revue les points particulièrement moisis du film. Leur ordre d'apparition dans la liste ne signifie rien de particulier par rapport à leur importance, ni à leur apparition dans le scénario.

2.1 Le Mérovingien, le train, les nichons de Bellucci.

L'une des premières scènes du film montre Néo qui se réveille dans un métro, sur le quai. On apprend que cet endroit est particulier et ne se situe ni dans le monde réel, ni dans la matrice, et qu'il est contrôlé par le Mérovingien. Même si les dates de sorties du deuxième et du troisième épisode sont proches, l'existence de ce lieu semble incongrue et la présence de Néo n'est expliquée par aucun élément du scénario de l'épisode précédent.

Bref, à mon avis cette scène ne sert qu'à :

  • réutiliser le truc de l'acteur français qui parle un anglais avec un accent misérable et mélange l'anglais et le français. Lambert Wilson fait cela plutôt bien, mais si ça fait sourire trente secondes dans le deuxième épisode, ça devient vite lassant. Dans le troisième épisode on a juste envie de le baffer.
  • montrer les nichons de Bellucci. Je ne vois aucune autre raison pour sa présence dans le film.
  • fourguer une autre scène de baston avec flingues dans un scénario inexistant.

Cette scène est tellement ridicule que le peu de possibilités qu'elle offre au scénario (forcer un échange entre le Mérovingien et la troupe des gentils scouts pour la paix dans le monde) sont annihiliés par un acte de "bravoure" de Trinity devant lequel le Mérovingien baisse son froc. Ce qui nous vaut par ailleurs l'un des monuments de dialogue de ce film, à savoir qu'une femme amoureuse est prête à tout. Évidemment dit comme ça, ça fait fade, mais ajoutez-y les nichons de Bellucci et vous voilà submergé par la philosophie profonde des répliques.

2.2 Together we stand, divided we fall.

La résistance des humains de Zion face à l'invasion des machines aura été l'un des autres grands moments de vide. Les héros militaires sont des caricatures du genre :

  • le vieux combattant aguerri à qui on ne la fait pas.
  • le jeune nouveau enthousiate poussé par le devoir à s'engager dans une armée qui n'accepte pas encore les enfants qui têtent le sein de leur mère.
  • la femme du héros parti en mission qui se sent obligée d'accomplir un acte de bravoure en son absence.
  • le dirigeant de l'armée, borné et furieux qu'on lui ait retiré l'un de ses hochets (l'un des vaisseaux).

Ces scènes sont construites selon un schéma épuisé, et qui laisse à penser que les scénarios sont majoritairement générés par des algorithmes2 sans intervention d'aucune entité pensante dans le processus. Ou alors c'est cela qu'on appelle l'intelligence artificielle; allez savoir.

L'impression produite chez le spectateur est une certaine aversion à l'encontre d'un déballage de notions aussi critiquables que l'honneur, l'union sacrée, le on-va-leur-en-mettre-plein-la-gueule-à-ces-tarlouzes, le devoir; bref, toute une palette que j'ai appris à redouter dans les films américains3 où deux camps s'affrontent.

2.3 Everything that has an end, has a beginning. Or was it the other way 'round ?

La philosophie, les pensées profondes, les remarques pertinentes sur la signification de la Vie, de l'Univers et du Reste4, tout ça c'est facile il suffit de :

  • porter une soutane en cuir ridicule,
  • porter des lunettes de soleil sans se soucier de la luminosité extérieure pour ajouter un certain mystère et un panache à un esprit par ailleurs complètement vide,
  • avoir plein de flingues sur soi,
  • sauter dans tous les sens, si possible aux murs,
  • prendre les décisions les plus crétines avec aplomb, en prétendant qu'on sait pourquoi on les prend, ou à défaut, qu'on sait qu'on doit les prendre.

Bref, dès qu'on a le style yo-leather-rayban-dans-ta-face, il suffit de dire des conneries tout en marquant un petit temps de pause significatif pour laisser l'autre comprendre que là, on a dit un truc de vachement spirituel.

2.4 Quoi je me suis fait crâmer les yeux ?

La beauté des dialogues et leur pertinence par rapport à l'action laisse rêveur. Citons au hasard trois passages dont la qualité intrinsèque suggère que le film était pensé comme une parodie de la série toute entière, après tout :

  • au cours du combat avec l'invité surprise, Néo se fait brûler les yeux et devient aveugle. À Trinity qui se fait du soucis pour lui, il répond presque distraitement, du genre "Hein quoi ? Oh ça ira, j'en ai vu d'autres tu sais".
  • peu après ce combat, Trinity et Néo dépassent la couche de nuages pour voir un ciel cristallin, et la lumière directe du soleil. Trinity dit alors que c'est beau. Je dis bravo.
  • enfin, toujours Néo et Trinity, lorsqu'elle meurt (et elle en met du temps) elle répond sur le même ton que Néo que "ça ira".

Je précise que vu les fous rires dans la salle à ces trois moments du film, une bonne majorité des spectateurs a dû avoir la même impression que moi.

2.5 Pandanlagueul

Le héros et le grand méchant qui se battent, dans un film normal, c'est chiant. On sait que le héros va prendre le dessus, se prendre une grosse baffe, perdre l'avantage, sortir un coup magique et finir par achever l'adversaire. Bien.

Quand, en plus, chacun des protagonistes est plus ou moins un super-héros (et c'est le cas pour Néo et Smith), et que les grosses baffes dans la gueule rasent la moitié d'une ville, le combat devient d'un summum dans le chiant que seul un congrès régional sur la culture du brocoli peut espérer approcher. Comme me le faisait remarquer Didje, en fait, c'est du Dragon Ball ce combat.

3. C'est l'histoire de Matrix qui sort au ciné, et PAF la matrice.

Pour finir, quelques points qui m'ont déplu dans les trois épisodes:

  • alors que le fléau de notre société, et tout le monde s'accorde à le dire, est la violence, ils vont te foutre des scènes de combat à tout bout de champ. Quand on a les pouvoirs de Néo dans la matrice et qu'on n'a pas trouvé mieux pour aider l'humanité que de tabasser ce qui ressemble à un méchant, c'est qu'on est décérébré.
  • la possibilité pour Smith de s'incarner dans un vrai humain a été sous-exploitée.
  • la tentative de justification du changement d'acteur pour l'Oracle entre le 2 et le 3 est pitoyable.
  • la scène de baise dans le 2 pue.
  • la soi-disante "Bande originale du film" est complètement fanstasmée dans le 2 au moins.
  • le 2 est bourré d'effets spéciaux très mal réalisés.

En conclusion, j'espère vous avoir donné envie de ne pas voir l'un quelconque des épisodes de la série des Matrix, votre temps vaut mieux que ça.

Si par contre vous persistez à penser que la série est un chef d'oeuvre, des brochures sur l'euthanasie assistée médicalement sont disponibles dans les centres participant à l'opération (offre limitée à une euthanasie par personne).

Merci à Phix de m'avoir indiqué un site contenant des parodies du film qui m'ont fait beaucoup rire (et dont il est l'auteur pour un certain nombre d'entres elles).

Il existe quelque part sur ce site, pas si bien caché que ça, la réponse de pl à ce commentaire, sous la forme d'un commentaire personnel.

Notes:

1 l'entame qui win.

2 par des ordinateurs quoi.

3 ok, souvent américains. Arrêtez de me traiter d'anti-américaniste primaire, vous allez me faire rougir.

4 42.


Ce commentaire, écrit par Laurent, se lit mieux avec un cerveau.

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