Ghost in the Shell 2: Innocence

Ghost in the Shell 2: Innocence

Il y a des moments dans la vie où tout semble vouloir vous faire la bite. C'est alors le bon moment pour faire la bite à la vie. Je suis donc allé voir Ghost in the Shell 2 : Innocence.

Il s'agit à mon avis d'un dessin animé grandiose, encore plus que le premier. J'étais déjà très fan de Ghost in the Shell, et cet version ne fait que renforcer ce sentiment.

Donc pour les retardataires qui ne connaîtraient pas ce monde de Masamune Shirow, disons qu'il s'inscrit dans le style Cyberpunk, en nous présentant un monde dans un futur proche, hyper technologisé et au bord de l'éffondrement social, voire même déjà éffondré. Et c'est là dedans que la Section 9 de la Paix Publique est chargée de ramener un semblant d'ordre. Cette section est plus précisément chargée d'enquêter sur le terrorisme, et a les moyens de négocier aussi de façon non-pacifique, comme Batou l'illustre si bien dans Innocence. Encore plus précisément, ce dessin animé porte sur Batou qui mène une enquête concernant des gynoïdes1 qui se mettent à massacrer leur propriétaire. Bon, jusque là, ok, c'est pas extra-ordinaire, c'est du Ghost in the Shell mais ça pourrait de la simple science-fiction de base. Mais en fait la merveille d'Innocence, et qui est la principale impression que m'a laissé ce dessin animé, c'est que c'est à la fois complètement Ghost in the Shell tout en était un peu plus que ça.

Une des forces de ce dessin animé, ce sont les graphismes. Dès la première scène, heureusement que j'étais assis, sinon je serais tombé à genoux. Tout simplement sublime. Après oui, c'est vrai, on peut espérer que tout le film n'est pas comme ça, parce que ce n'est pas tellement Ghost in the Shell. Et par la suite, déjà à partir du générique, on retrouve tout le style graphique Ghost in the Shell dont on a l'habitude, tout en étant un plus sublime et plus beaui, et en ajoutant un petit plus qui déchire.

La bande son suit le même schéma. On retrouve le chœur avec les percussions, avec presque les mêmes paroles, et ils n'ont rien perdu de leur ambiance, de leur puissance, de leur émotion. Mais en même temps il y a un peu plus, ces voix ont gagné un quelque chose d'indescriptible que l'on peut sentir au fur et à mesure du film. Et en même temps, on a aussi gagné d'autres musiques, tout aussi merveilleuses. J'étais déjà touché par la boîte à musique de Noir, je me suis trouvé transpersé par la boîte à musique d'Innocence. Mais ce qui m'a le plus marqué, c'est le thème de ce dessin animé : ça fait depuis longtemps que j'ai découvert l'adagio d'Aranjuez, et c'était le coup de foudre à la première écoute, mais en le reconnaissant2 avec des paroles qui résonnent au plus profond de moi et une voix enchanteresse, j'étais au bord des larmes tellement c'était magnifique.

J'ai déjà dit combien l'intrigue elle-même était très Ghost in the Shell, mais la façon de la traiter l'est aussi, avec un petit peu plus. On retrouve les séquences de développement de personnage, si souvent absentes dans les productions modernes ; on retrouve le «  ping-pong de citations  » qui, quoique plus court, n'a rien perdu de sa puissance par rapport au dernier épisode de Stand Alone Complex. Et toute la réflexion qui arrache autour du rapport entre l'homme et la machine, ainsi que la différence entre les deux, est encore là, avec un petit plus qui est l'ajout de la poupée à cette réflexion. C'est bien gentil les films avec des graphismes et des musiques qui déchirent, celui-ci a en plus une réflexion puissante derrière. Que du bonheur.

Toujours dans le registre de l'histoire, on peut légitimement se demander si on peut voir Ghost in the Shell 2 : Innocence sans avoir vu le premier film. La réponse à mon avis est oui, il y a des références subtiles au premier film, de même qu'il y a des références subtiles à d'autres choses, comme les Psaumes. Je conseille néanmoins de voir le premier, parce que c'est à mon avis un très bon dessin animé, mais ce n'est pas forcément nécessaire de le voir avant Innocence.

Enfin, parmi tous les points que j'ai évoqués qui évitent le dépaysement, je n'ai pas mentionné la présence du basset d'Oshii, qu'on a déjà vu passer dans Avalon. Je n'aime pas trop les chiens, tant pis pour moi, ça n'ôte rien à la valeur de la référence.

Je pourrais m'arrêter là, et conclure sur le fait que ce dessin animé ne dépayse pas mais offre assez de nouveautés et de contenus puissants pour être vraiment excellent. Comme le disait si bien un critique, dans le genre de la science-fiction ce film est aussi révolutionnaire que Blade Runner3. En fait je me serais arrêté là si j'avais écris cette critique pour moi ou pour seulement des gens comme moi, c'est-à-dire des gens qui se contentent de ressentir le contenu d'un film et qui ne le jugent que par lui. Cependant certains cherchent à savoir pourquoi c'est bien, et généralement finissent avec le genre de réponses que l'on trouve dans le paragraphe suivant.

On peut penser que c'est bien simplement parce que ce sont des gens qui déchirent. C'est quand même Mamoru Oshii, l'homme qui a dirigé Avalon, et avec lui c'est Production I.G., ceux qui ont fait Blood: the Last Vampire, Jin-Roh, Patlabor et les Stand Alone Complex. Rien qu'avec ça on a un Masamune Shirow qui dit : « Je n'ai pas besoin d'intervenir, faites ce que vous voulez, je sais déjà que ce sera bien. »4 Évidemment, ce sont les mêmes que pour le premier Ghost in the Shell, et pour la musique ils ont encore recruté Kenji Kawai, l'homme qui a fait les chœurs qui arrachent. Voilà la partie Ghost in the Shell, et la partie « un peu plus », c'est Toshio Suzuki, producteur qui vient de Studio Ghibli et qui a travaillé avec des grands noms comme Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Il a notamment apporté avec lui le titre ainsi que le thème de Kimito Itoh5.

Donc pour résumer, au cas où vous ne l'auriez pas compris, j'ai adoré ce film, et autant dire que si on me proposait maintenant d'aller le revoir, j'accepterais sans hésiter. Je crois que je suis devenu irrémédiablement fan de Ghost in the Shell sous toutes ses formes.


Notes

[1] robots à forme de femme

[2], [5] Follow me

[3] http://www.animeboredom.co.uk/anime-reviews/ghost-in-the-shell-2-innocence/397/

[4] Interprétation personnelle de http://anime.about.com/library/weekly/bl_makingof.htm


Ce commentaire vous a été apporté après une semaine d'intenses efforts pour sa rédaction par Pierre-Louis.

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